La crise sous la loupe de l’UDIHR : « Ce qui semble acquis, c’est la place centrale à redonner à l’humain »
Anaïs Guilbaud
Malgré une baisse d’activité importante, les services de restauration ont dû faire face à de nouveaux défis liés à la régulation des flux d’approvisionnement, la gestion des ressources humaines, ou encore des dons alimentaires. Jean-Rémy Dumont, président de l’Union des Ingénieurs Hospitaliers en Restauration (UDIHR) et directeur de la restauration des Hospices Civils de Lyon, nous en dit plus.
Quels ont été les premiers impacts de l’épidémie de Covid-19 sur les services de restauration hospitaliers ?
Jean-Rémy Dumont : Les premières semaines, la fermeture de lits et le report des hospitalisations programmées ont entraîné une baisse importante du nombre de repas à servir, tant pour les patients que pour les soignants. Notre premier défi adonc été d’adapter notre production, tout en évitant les pertes alimentaires. En parallèle, il a fallu mener un important travail de gestion des ressources humaines, afin de pallier l’absentéisme. Le plus compliqué aura été de gérer le planning des agents avec enfants et les peurs de chacun, accentuées par des recommandations mouvantes. Mais globalement, les équipes sont restées fortement mobilisées.
Au final, comment le secteur s’en est-il sorti ?
Plutôt bien. Après deux premières semaines compliquées, pendant lesquelles il a fallu tout réorganiser, s’est mis en place un phénomène de vases communicants. La baisse de l’activité en production et la mise à l’arrêt de certains projets nous a permis de gagner du temps et de repositionner nos agents sur les nouvelles tâches induites par la crise, telles que la gestion des approvisionnements, des ressources humaines, ou encore des dons. En parallèle, nous avons vu se développer des formes d’entraide territoriale.
Comment cela ?
Elles ont débuté par la gestion du gaspillage, en récupérant par exemple les stocks de restaurants fermés. Il en a été de même pour les équipements de protection. À Lyon, nos collègues des cuisines centrales de Villeurbanne et Saint-Priest, nous ont ainsi fait don de leurs masques. Plus généralement, nous avons été agréablement surpris par toute la reconnaissance qui s’est manifestée à travers les dons. Des citoyens se sont même mobilisés, via des plateformes internet, pour apporter un soutien logistique. Aujourd’hui nous avons tous, à l’échelle nationale, des fichiers Excel emplis de listes de remerciements à envoyer.
La crise vous a également poussé à appréhender de nouvelles formes de travail…
Effectivement et à titre d’exemple, certaines missions ont pu être menées en télétravail. La profession a également su être très réactive dans la dématérialisation de certaines tâches, permettant de pallier à la problématique des délais de réponse. Enfin, la crise a pu jouer un rôle d’accélérateur dans le changement des pratiques. Aux HCL, le nécessaire respect des gestes barrières nous a par exemple incités à remplacer le ticket de caisse papier du self par un envoi d’email. Dans un établissement comme le nôtre, ce sont près de 2 600 tickets édités par jour. Est-ce vraiment utile ? Le projet est désormais en marche.
Mais alors, à quoi pourrait ressembler l’après Covid-19 pour les services de restauration ?
Ce sera à nous de maintenir, sur le long terme, les bonnes pratiques qui auront émergé, tout en veillant à ce qu’elles n’engendrent pas d’inégalités. Pour le moment, nous sommes encore dans le temps de la crise, et il faudra quelques mois pour effectuer un véritable retour d’expérience. La question est : souhaitons-nous revenir aux pratiques d’avant ou en profiter pour construire un nouveau modèle ? Ce qui semble acquis, c’est la place centrale qu’il faut redonner à l’humain. Et pourquoi pas, enfin, se donner les moyens pour revaloriser le panier alimentaire à l’hôpital !
Au final, comment le secteur s’en est-il sorti ?
Plutôt bien. Après deux premières semaines compliquées, pendant lesquelles il a fallu tout réorganiser, s’est mis en place un phénomène de vases communicants. La baisse de l’activité en production et la mise à l’arrêt de certains projets nous a permis de gagner du temps et de repositionner nos agents sur les nouvelles tâches induites par la crise, telles que la gestion des approvisionnements, des ressources humaines, ou encore des dons. En parallèle, nous avons vu se développer des formes d’entraide territoriale.
Comment cela ?
Elles ont débuté par la gestion du gaspillage, en récupérant par exemple les stocks de restaurants fermés. Il en a été de même pour les équipements de protection. À Lyon, nos collègues des cuisines centrales de Villeurbanne et Saint-Priest, nous ont ainsi fait don de leurs masques. Plus généralement, nous avons été agréablement surpris par toute la reconnaissance qui s’est manifestée à travers les dons. Des citoyens se sont même mobilisés, via des plateformes internet, pour apporter un soutien logistique. Aujourd’hui nous avons tous, à l’échelle nationale, des fichiers Excel emplis de listes de remerciements à envoyer.
Laurent Trasrieux, responsable de la restauration au CHRU de Strasbourg

Laurent Trasrieux, responsable de la restauration au CHRU de Strasbourg. ©DR
Joe-Pascal Saji, ingénieur en chef référent restauration de l’AP-HP

Joe-Pascal Saji, ingénieur en chef référent restauration de l’AP-HP. ©DR
Julien Fabbro, responsable de la restauration au CHRU de Nancy

Julien Fabbro, responsable de la restauration au CHRU de Nancy. ©DR
Article publié sur le numéro de juin d'Hospitalia à consulter ici : https://www.hospitalia.fr/Hospitalia-49-Special-Covid-19-MERCI-_a2230.html